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Comment répondre si le recruteur pose des questions personnelles sur la maladie ?

Annonce de la maladie
Le 24/09/2025 par Mathilde Murzeau
Clock5 min
Le conseil intro

Imaginez la scène : vous êtes en entretien, tout se passe bien, et là… le recruteur sort la carte “question personnelle”.  “Et au fait, votre maladie… ça ne risque pas de poser problème pour ce poste ?” Oups. Malaise. D’abord, soyons clairs : ces questions sont illégales. Un recruteur n’a pas à vous interroger sur votre santé, vos traitements ou vos antécédents médicaux. Mais dans la vraie vie, ça arrive encore (trop) souvent. Alors, plutôt que de sortir un “joker” façon jeu télé, autant préparer quelques réponses qui mettent le recruteur face à l’essentiel : vos compétences et votre valeur ajoutée.

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Sommaire

1. Rappel : ce que dit la loi (et pourquoi ça compte)
2. La stratégie “détour élégant”
3. L’option “oui mais non”
4. La contre-attaque subtile
5. Quand (et comment) en parler volontairement
6. Les réponses à éviter (même si la tentation est forte)
7. Préparer ses punchlines inclusives
8. Et si le recruteur insiste vraiment (trop) ?
9. Conclusion
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1. Rappel : ce que dit la loi (et pourquoi ça compte)

Petit point juridique, rapide mais utile pour se sentir armé·e :

  • En France, le Code du travail interdit au recruteur de poser des questions sur l’état de santé ou le handicap, sauf si elles concernent directement l’aptitude au poste (et encore, ça relève du médecin du travail, pas de l’entretien).

  • Vous n’êtes donc jamais obligé·e de répondre à une question personnelle sur votre maladie.

  • Le seul document qui peut officialiser la situation, si vous le souhaitez, c’est la RQTH (Reconnaissance de la Qualité de Travailleur Handicapé).

En clair : le recruteur n’a pas à savoir si vous avez un diabète, une sclérose en plaques, des migraines ou autre. Ce qui compte, c’est votre capacité à remplir les missions.

2. La stratégie “détour élégant”

Vous ne voulez pas entrer dans les détails, mais vous souhaitez quand même répondre avec assurance ? Voici une formule passe-partout :

“Je préfère me concentrer sur la manière dont je peux contribuer à votre entreprise et sur les compétences que j’apporte au poste.”

Traduction : Ma santé, c’est perso. Mon job, c’est ce dont on parle ici.
C’est poli, ferme, et ça permet de recentrer l’entretien sur l’essentiel.

Astuce : entraînez-vous à dire cette phrase devant le miroir. Avec un sourire, ça passe crème.

3. L’option “oui mais non”

Parfois, vous avez envie de reconnaître que vous avez un défi de santé, sans pour autant détailler vos bilans médicaux. Vous pouvez alors répondre de manière générale :

“Comme beaucoup de personnes, j’ai certaines contraintes personnelles. Mais elles n’empêchent pas ma performance au travail. D’ailleurs, j’ai déjà réussi à…” (et hop, vous enchaînez sur un exemple de réussite).

L’idée, c’est de transformer une question intrusive en mise en avant de vos atouts.

Exemple concret : “Oui, j’ai besoin d’une organisation claire. Mais c’est justement ce qui me rend très rigoureux·se dans mes missions.”

4. La contre-attaque subtile

Vous sentez que le recruteur insiste ? Vous pouvez retourner la situation par une question miroir :

“Je comprends votre inquiétude. Quelles sont, selon vous, les compétences essentielles pour réussir sur ce poste ?”

Résultat : vous obligez le recruteur à sortir de son biais et à revenir sur ce qui compte vraiment. Bonus : vous montrez que vous êtes dans une posture proactive, pas défensive.

5. Quand (et comment) en parler volontairement

Important : garder le silence n’est pas toujours la meilleure option. Si vous avez besoin d’aménagements raisonnables pour réussir dans le poste (horaires flexibles, télétravail, matériel ergonomique…), il peut être utile d’en parler au bon moment.

Le bon timing ?

  • Pas au premier entretien (sauf si c’est directement lié au poste).

  • Plutôt une fois que l’entreprise a montré un réel intérêt pour votre profil.

Et surtout, présentez-le comme un levier de réussite :

“Avec un aménagement simple comme [exemple concret], je peux être pleinement efficace et autonome dans mes missions.”

Vous ne demandez pas un “favoritisme”, vous exposez les conditions d’un travail performant.

6. Les réponses à éviter (même si la tentation est forte)

  • Le silence gêné : ça laisse entendre que vous cachez quelque chose, même si vous êtes dans votre droit.

  • La justification médicale : “J’ai eu trois opérations mais maintenant ça va…” → trop d’infos, pas utile.

  • Le sarcasme : “Et sinon, vos petits défauts, on en parle ?” → drôle pour vous, mais pas toujours bien pris.

L’objectif n’est pas de braquer, mais de poser des limites avec tact.

7. Préparer ses punchlines inclusives

Parce qu’un entretien, ça se prépare comme un stand-up, voici quelques phrases prêtes à dégainer selon la situation :

  • “Ce que je peux vous garantir, c’est que ma situation ne m’empêche pas de délivrer les résultats attendus.”

  • “J’ai appris à gérer mes contraintes, et c’est ce qui m’a rendu·e plus adaptable.”

  • “Ce qui m’intéresse aujourd’hui, c’est de mettre mes compétences au service de vos projets.”

L’astuce : transformer une potentielle faiblesse en force.

8. Et si le recruteur insiste vraiment (trop) ?

Soyons honnêtes : si un recruteur se montre insistant ou intrusif malgré vos détours, c’est peut-être un signal d’alerte.

  • Est-ce une entreprise où vous aurez envie de travailler ?

  • Le respect et la confiance ne se construisent pas sur des questions déplacées.

Autrement dit : si ça commence mal, il y a des chances que ça continue mal. Faites confiance à votre radar intérieur.

Conclusion

Un entretien d’embauche, c’est un échange professionnel. Vous n’avez pas à justifier votre santé, mais à démontrer vos compétences.

La clé, c’est de préparer vos réponses pour éviter d’être pris·e au dépourvu. Et rappelez-vous : poser des questions sur votre maladie, c’est illégal. Ce que vous choisissez de partager, c’est à vous de décider, pas au recruteur.

Conseil final : concentrez-vous toujours sur ce que vous apportez à l’entreprise. Parce qu’au fond, c’est ça qui compte, non ?

Le 24/09/2025

À propos de l'auteur

Mathilde Murzeau

Journaliste spécialisée dans les questions de handicap invisible et d'inclusion professionnelle. Passionnée par les récits humains, elle donne la parole à ceux qui transforment le monde du travail par leur parcours unique.

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