Née en 1961, Catherine ORSI a consacré 35 années de sa vie professionnelle au Commissariat à l’Energie Atomique et aux Energies Alternatives (CEA) dans les domaines de la sécurité, des ressources humaines et de coordination de la mission handicap. Après être sortie de ses traitements pour un cancer du sein en 2017, elle réintègre son entreprise puis fin 2018, elle effectue une rupture conventionnelle et se reconvertie en 2020 en obtenant un DU en Éducation Thérapeutique du Patient à l'UPMC, Sorbonne. Bien qu'ayant pour projet à cette époque de développer un programme d’ETP en cancérologie en Corse, elle accompagne aujourd'hui à domicile des patients atteints de maladies chroniques et soutient bénévolement des femmes traitées pour un cancer du sein. Forte d'une riche carrière professionnelle, elle est la mère d'une fille âgée de 27 ans, dont elle est très fière. Dernier entretien avec une femme aussi résiliente qu'humaine.
À la suite de mon diagnostic, j’ai rapidement rencontré mon médecin du travail, avec lequel j’avais déjà des échanges réguliers du fait de ma fonction de coordinatrice de la mission handicap. Cependant, je n’ai pas immédiatement informé mes collègues et mon manager du diagnostic. J’ai d’abord mis à jour mon travail, rangé mon bureau, fait du tri pour la personne qui prendrait le relai pendant mon absence. Je ne m’attendais pas à une absence aussi longue, soit 18 mois d’arrêt de travail. Ce sont les résultats post-opératoires qui ont finalement déterminé les protocoles de soins. Bien que seule la radiothérapie ait été envisagée initialement, la découverte d’un deuxième type de cancer « infiltrant » a nécessité un traitement par chimiothérapie et hormonothérapie.
Étant déjà sensibilisée aux maladies chroniques et au handicap, j’en ai parlé à mon manager quelques jours après le diagnostic pour organiser mon travail en mon absence je pensais m’absenter quelques mois, en effet, seules l’opération du retrait de la tumeur et la radiothérapie étaient programmées. C’est une fois en arrêt maladie et post opération que j’ai compris que mon absence allait être beaucoup plus longue que prévue par suite d’un nouveau diagnostic.
J’en ai parlé avec mon manager et certains collègues proches. Je suis encore en contact avec ces 2 ou 3 collègues avec lesquelles j’ai gardé des relations d’amitié. Sinon je n’ai pas eu vraiment de contact avec l’entreprise sauf peu avant ma reprise et cela m’a manqué. J’entretenais principalement une relation avec le médecin du travail. L’absence de soutien pendant l’arrêt de travail m’a fait réfléchir à la création d’une interface de liaison pendant l’arrêt pour les salariés diagnostiqués.
Durant mes traitements, j’ai décidé de ne pas retourner à mon poste initial. Grâce à la proposition de mon ancien manager, j’ai changé de poste dans le domaine de la sécurité et la prévention des risques professionnels, ce qui nécessitait une formation spécifique. Avant ma reprise, j’ai rencontré mon nouveau manager pour préparer mon intégration en mi-temps thérapeutique et lui ai demandé d’informer le collectif de travail des raisons du mi-temps. J’ai moi-même échangé avec mes collègues sur les effets secondaires de mes traitements.
À la suite d’une visite de pré-reprise, un temps partiel thérapeutique a été décidé par le médecin du travail, pour 6 mois. J’ai néanmoins souhaité ma reprise à plein temps au bout de 4 mois et j’ai pu commencer ma formation nécessaire au nouveau poste.
Il est essentiel de réaliser régulièrement des mammographies. C’est le moyen de détecter tôt une maladie qui peut être traitée.
De ne pas craindre de poser des questions si vous ne comprenez pas, de s’informer et de s’entourer de personnes positives. Chaque personne réagit différemment face à la maladie. Apprendre à s’écouter, prendre soin de soi.
Je pense que le cancer peut toucher tout le monde, à tout âge. Bien que l’alimentation soit souvent mentionnée comme facteur de risques, je suis d’accord pour dire que le stress et le mal-être sont des facteurs plus prépondérants que ce soit dans la vie privée comme professionnelle.
La fin des traitements m’a laissée avec un sentiment de vide. Les rendez-vous médicaux rythmaient mes journées. Puis, ces rendez-vous se sont espacés, jusqu’à ce que le terme « rémission » soit rédigé sur un compte rendu hospitalier. Je le dis aujourd’hui avec humour mais l’oncologue du moment communiquait davantage avec son ordinateur qu’avec ses patients.
L’une de mes préoccupations principales était l’accompagnement des salariés en arrêt pour cause de cancer ou toutes maladies chroniques. J’ai envisagé des améliorations pour les entreprises afin de mieux accompagner leurs salariés en évitant la désinsertion professionnelle. J’ai également suivi une formation interne pour intégrer une nouvelle équipe, malgré les effets secondaires invisibles persistants de mes traitements.
Tout est possible. J’ai d’ailleurs rejoint l’équipe de Coline.care et je prévois de retourner vivre en Corse. Je continuerai d’accompagner des femmes traitées pour le cancer du sein, cela a du sens pour moi et c’est un réel engagement qui me tient à cœur.
Un dépistage précoce est essentiel car pris à temps un diagnostic de cancer du sein est souvent suivi d’une guérison. Il est important de s’entourer de personnes bienveillantes ; de prendre soin de soi, de se faire plaisir, de faire de soi une priorité.
Je terminerai par une citation de Sénèque que j’aime particulièrement : « Hâte toi de bien vivre et songe que chaque jour est à lui seul une vie. » ( 4 av. J.-C. – 65 ap. J.-C.)
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