Céline Gaxatte Pereira du groupe TF1 : “C’est notre responsabilité de sensibiliser l’ensemble de l’entreprise

7 mars 2023

Inspiration, Médias

et de continuer d’évoluer”

Céline Gaxatte Pereira a d’abord été comptable pendant une dizaine d’années au sein de TF1 avant de devenir responsable de la mission handicap du groupe. Elle nous raconte son parcours de reconversion, son métier et ses missions en faveur de l’inclusion. Elle évoque la pédagogie au quotidien, la valeur singulière de tout à chacun qui fait la force humaine au au sein d’une entreprise. Entretien.

Pouvez-vous nous présenter votre parcours et comment vous êtes arrivée à la tête de la mission handicap aujourd’hui ?

J’ai suivi des études à la base dans la finance-comptabilité. J’ai travaillé beaucoup en cabinet d’expertise comptable, en commissariat aux comptes au départ. Je suis rentrée dans le groupe TF1 en 2000 en tant que responsable comptable. J’ai exercée cette fonction pendant presque dix ans. Ensuite, j’ai eu une pathologie aux yeux qui dégénère progressivement la rétine. J’ai notamment progressivement perdu la vue centrale, c’est-à-dire ce qui permet de voir les détails, donc ce qui permet la lecture, de reconnaître les autres… Je ne pouvais donc plus vraiment exercer mon métier. J’aurai pu bénéficier d’adaptations mais c’était très compliqué à l’époque, la comptabilité était beaucoup plus papier que maintenant. Après le déni au début des premiers symptômes, puis l’annonce difficile du diagnostic, j’ai fait une dépression. À ce moment-là, on m’a proposé de faire un bilan de compétences qui m’a permis de me projeter sur ce qui était possible. Tout cela a contribué à ma reconstruction.

J’ai donc décidé de me tourner plus vers des métiers au service des autres, et plus précisément vers le métier de responsable de formation. Mais il fallait que je reprenne des études puisque je n’avais aucun bagage RH. La RH qui me suivait à ce moment-là dans le groupe TF1 m’a proposé après un arrêt d’un an, pour me réinsérer dans le monde du travail, d’être dans un groupe projet et faire de la conduite du changement, où il y avait un volet formation. Donc je l’ai fait pendant un an et demi et à la suite de ça, je me suis inscrite dans une formation continue en management pendant que j’étais encore sur le projet.

Une place s’est libérée ensuite dans le service formation et donc on m’a proposé de l’intégrer tout en continuant ma formation. Je suis restée responsable formation pendant cinq ans, où je me suis occupée du plan de formation de la direction technique du groupe. À la suite de cela, on m’a proposé de travailler sur des aspects diversité et notamment le handicap. Je me suis dit que finalement, c’était à mon tour d’aider les autres comme on avait pu m’accompagner dans ma reconversion et ma reconstruction. Et cela fait maintenant environ cinq ans que je suis responsable de la mission handicap du Groupe TF1.

Quelles sont les actions et objectifs de la mission handicap ?

Le but de la mission handicap c’est de mettre en œuvre la politique handicap du Groupe TF1, nous sommes en train de négocier notre sixième accord handicap. La mission handicap existe depuis 2007. Le premier accord handicap a été signé en 2008, donc c’est une valeur que l’on a en commun avec le Groupe Bouygues, auquel on appartient, et que l’on porte depuis de nombreuses années.
Il y a plusieurs axes de travail. En premier, le volet recrutement, dont le but est de faciliter l’intégration des personnes en situation de handicap sur nos métiers. En sensibilisant nos RH, le service recrutement, les managers, afin qu’il n’y ait pas de discriminations.

Les recruteurs sont formés pour lutter contre les stéréotypes, mais sur le handicap il faut aussi les former pour non seulement ne pas avoir de préjugés sur le handicap, mais aussi qu’ils soient au courant selon les types de handicap qu’est ce qui peut être adapté, comment on peut compenser le handicap et comment rendre possible que la personne travaille. Il est important de sensibiliser le service recrutement, les RH, les managers pour permettre les recrutements et puis pour mettre en place les aménagements. Ça c’est mon rôle, en lien avec le médecin du travail, pour que la personne puisse travailler comme tout un chacun.

Et c’est aussi faire des actions vis-à-vis de l’extérieur pour expliquer que, évidemment, on accueille des personnes en situation de handicap et que toutes nos offres leur sont ouvertes. Comme tout à chacun, les personnes en situation de handicap sont sélectionnées par rapport à des compétences, et leur handicap doit être compatible avec le métier retenu grâce à des outils ou aménagements organisationnels qui compensent selon les besoins.
Après, il y a le volet maintien dans l’emploi. Donc c’est accompagner les collaborateurs qui deviennent en situation de handicap en cours de carrière, ce qui représente 85% des cas de handicap. Comme on a pu le faire pour moi, c’est soit mettre en place des aménagements pour que la personne reste à son poste, soit accompagner une reconversion.

Le troisième grand volet c’est la sensibilisation, que ce soit de l’ensemble des collaborateurs, des managers, des services RH. C’est donc par exemple donner aux managers des clés en termes de management par rapport au handicap. Je dispense par exemple des formations ou ça peut être des organismes que l’on fait intervenir, tous les formats sont possibles. On peut faire des formations, des sensibilisations qui peuvent être soit digitales soit présentielles pour capter des personnes différentes et donner de l’impact au message que l’on veut transmettre.

Pour cette année, quels sont les enjeux en termes d’inclusion à développer selon vous ?

Il faut déjà renforcer nos actions, continuer de diffuser les messages. Après, pour faciliter le recrutement, il faudrait aussi que les personnes en situation de handicap aient plus accès à l’enseignement et la qualification. Parce que le problème c’est que sur le marché de l’emploi, le niveau de qualification est encore en dessous des personnes qui n’ont pas de handicap car la scolarité n’a pas suffisamment été accessible à tous. Nous recrutons essentiellement pour des postes entre bac +3 et bac +5. D’où la problématique pour trouver des candidats en situation de handicap correspondants à nos offres. Donc par exemple, nous on porte beaucoup nos actions sur accompagner les personnes en situation de handicap sur l’alternance. En 2022, on en a recruté 17. On participe ainsi à leur formation.

Les lois ont changé, mais dans l’enseignement, les professeurs ne sont souvent pas formés et n’ont aucune obligation de l’être, donc ce serait déjà essentiel pour aider à l’intégration d’aménager pédagogiquement les cursus. Il ne suffit pas de dire que l’on accorde un temps supplémentaire à l’examen pour un étudiant en situation de handicap. Comment se déroule le reste de son année pédagogiquement, est-ce qu’il faut adapter quelque chose selon les besoins ? Donc ça oui il faut que ça bouge.

Quand on parle de care management, de pair-aidance, c’est très important et on doit continuer à travailler sur ces sujets parce que c’est essentiel pour les organisations. Les maladies invalidantes notamment, comme les cancers, ça représente une grosse partie des handicaps et ça évolue. En tant qu’entreprise, on ne peut pas se dire que l’on va faire comme si ça n’existait pas. C’est notre responsabilité de sensibiliser l’ensemble de l’entreprise sur je suis collègue, je suis manager. Qu’est ce que je peux faire pour que la personne, quand elle revient après un long arrêt maladie, un traitement, qu’elle puisse réintégrer l’entreprise et que ça se passe bien. C’est essentiel pour le bien-être de la personne de pouvoir reprendre le travail dans les meilleures conditions. Nous avons une nouvelle DRH depuis septembre 2022, Valérie Languille, qui a signé la charte “cancer at work”, pour poursuivre notre sensibilisation et nos actions. Donc on doit, nous entreprise, continuer à progresser dans l’accompagnement de nos collaborateurs.

Crédit photo © : Groupe TF1

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